Par pudeur, par gêne ou par peur du jugement, la sexualité reste un sujet souvent mis de côté dans les familles, les couples et parfois même dans les espaces thérapeutiques. Pourtant, Allah n’a jamais interdit la connaissance. Il a même fait de l’union entre mari et femme un acte permis, doux, et porteur de récompense s’il est vécu avec respect, amour et intention sincère.
« Dans l’acte sexuel de chacun de vous, il y a une aumône (sadaqa). » Les compagnons demandèrent : "Ô Messager d’Allah, l’un de nous satisfait ses désirs et cela lui est compté comme une aumône ?" Il répondit : "Ne voyez-vous pas que s’il l’avait fait dans ce qui est interdit, il aurait été puni ? Ainsi, s’il le fait dans ce qui est permis, cela lui est compté comme une récompense." (Hadith authentique rapporté par Muslim)
Notre Prophète bien-aimé ﷺ n’a jamais ignoré les questions sur la sexualité. Une femme est venue un jour lui demander si une femme avait besoin de se purifier après un rêve érotique, comme l’homme. Il a répondu : « Oui, si elle voit un liquide. » (Hadith authentique rapporté par Muslim). Une autre fois, une femme lui a demandé si son mari avait des droits sur elle même s’il la réveille en pleine nuit. Il a répondu : « Si l’homme appelle sa femme à son lit et qu’elle refuse, les anges la maudissent jusqu’au matin. » (Bukhari, Muslim). Mais il a aussi précisé que les rapports doivent être précédés de douceur, de mots tendres, et qu’il ne faut pas se comporter comme des animaux.
Ce livret propose une approche douce, éducative, respectueuse de l’intimité conjugale. Pas de vulgarité. Pas d’exposition. Pas de haram. Seulement des mots vrais, des gestes bienveillants, des respirations lentes, et une reconnexion au corps comme une créature d’Allah, capable de donner et de recevoir de l’amour.
Parmi les outils que je propose, certains sont inspirés d’une pratique ancienne appelée "tantra", mais entièrement revisités, purifiés et réadaptés à notre spiritualité musulmane.
Le mot tantra est un terme sanskrit qui signifie "tissu", "tissage", "union", et il désigne une pratique très ancienne, bien antérieure à l’islam, née en Inde. Mais attention : à l’origine, il s’agissait d’un ensemble de textes philosophiques, de techniques de respiration, de concentration et de conscience corporelle — bien avant qu’il ne soit dévoyé dans des pratiques new age ou libertines.
Aujourd’hui, le tantra a été parfois associé à des rituels étrangers, des pratiques de nudité ou des philosophies polythéistes. C’est pourquoi je ne reprends pas ces éléments-là. Je propose plutôt une version thérapeutique, sobre, adaptée à l’éthique islamique : une exploration de l’intimité entre époux uniquement, dans un climat de respect, de pudeur et de conscience spirituelle.
Beaucoup de couples mariés souffrent en silence. Certains ne se touchent plus. D’autres font l’amour sans y mettre le cœur. Certaines femmes n’ont jamais connu le plaisir véritable, d’autres hommes se sentent rejetés, incompris, ou frustrés.
Or l’islam ne valorise pas la souffrance dans l’union conjugale. Il encourage le dialogue, la tendresse, la satisfaction mutuelle, la complicité intime, et même la sensualité dans le cadre autorisé.
« Et parmi Ses signes, Il a créé pour vous de vous-mêmes des épouses, afin que vous trouviez auprès d’elles tranquillité (sakina), et Il a mis entre vous affection (mawadda) et miséricorde (rahma). » (Sourate Ar-Rum, 30:21)
Dans cette union sacrée, le corps a sa place, mais un corps honoré, respecté, écouté.
Le tantra revisité devient ici un outil de reconnexion à l’autre : Respirer ensemble, se masser avec lenteur, explorer les gestes tendres sans chercher la performance, créer une bulle d’intimité sans brutalité ni précipitation, offrir à l’autre un plaisir sincère, profond, lent, permis, sans tabou.
Cette pratique n’a rien de mystique, ni de religieux dans son origine. Elle existait avant l’avènement de l’islam, comme d’autres sciences (la médecine, l’astronomie, la nutrition), que l’islam n’a pas rejetées mais épurées, intégrées et valorisées.
De la même manière que la phytothérapie ou l’aromathérapie ne sont pas haram tant qu’elles sont utilisées avec éthique, le massage tantrique adapté, la respiration consciente, la lenteur, l’écoute du plaisir féminin, sont des éléments qui peuvent exister dans un couple musulman, sans heurter la foi, sans offenser la pudeur.
Ce livret ne pousse pas au libertinage. Il ne dit pas "fais ce que tu veux". Il dit au contraire : "Ralentis. Respire. Reconnecte-toi à ton épouse. Honore son corps. Honore le tien. Découvre un plaisir doux, pudique, profond. Apprends à aimer autrement. Avec foi, pudeur, patience."
L’orgasme n’est pas une honte. La recherche du plaisir n’est pas interdite. Ce qui est haram, c’est l’humiliation, la brutalité, l’indifférence, le silence toxique dans un couple. Ce qui est récompensé, c’est le respect, la tendresse, la connaissance utile, et l’amour dans ce qui est permis.
Qu’Allah fasse de ton couple un lieu de rahma, de sakina, et de plaisir sincère.
Awatef My Thérapie